Inventions

L'homme ne serait pas ce qu'il est sans la maitrise du feu, et ce savoir-faire a évolué depuis les origines, pour aboutir à ce qui parait maintenant à tous comme un accompagnement habituel du quotidien, sur lequel plus personne ne réfléchit, tant il parait naturel même sous ses formes les plus complexes.
Or faire, dominer et conserver le feu a été pendant des millénaires non seulement une difficulté mais une nécessité pour survivre, liées à une ou des techniques souvent réservées aux seuls initiés. Ce n'est que très récemment, dans une histoire humaine de 400 000 ans, qu'une production du feu simple et à la portée de tous, a été mise au point.
Au départ il s'est agi de conserver un feu issu de la foudre et des incendies naturels, ou même des volcans.
Puis est apparu le feu par frottement des bois durs.
Ensuite est venu la production d'étincelles via le choc des silex ou pyrites entre eux.
Bien après, les étincelles ont été produites en choquant le fer ou l'acier, système qui était encore en vigueur au tout début du XXe  siècle, conjointement avec l'allumette phosphorée, inventée seulement dans la seconde moitié du XIXe.

Il reste aussi à considérer l'aspect conservation d'un feu ou d'une braise, produits artificiellement : mousse sèche, brindilles, bois, champignons, amadou, charbon, huile végétale, animale, naphte, pétrole et ensuite essence.

Au quotidien et individuellement, la production d'un feu reste donc avant la Guerre tout à fait rudimentaire et soumis à des difficultés techniques, telles que le vent, l'humidité ou l'absence immédiate d'un combustible performant.

C'est à la chimie, issue de la révolution industrielle, que l'on doit le briquet tel que nous le connaissons aujourd’hui. Au départ fut le morceau d'amadou,  séché, traité avec un additif tel que le salpêtre, remplacé au XIXe par la mèche dite encore d'amadou mais en réalité constituée de coton traité au salpêtre, et autres produits permettant un démarrage rapide d'une braise produite par une étincelle, encore produite par percussion sur pyrite ou fer dédié à cet usage .

C'est un chimiste autrichien, le Baron Auer Von Welsbach, qui fut à l'origine de la pierre à briquet dite au ferrocérium, mélange artificiel de fer, magnésium et cérium, produisant une gerbe d'étincelle par simple frottement sur une surface dure. Cette invention date de 1903 et ne fut réellement diffusée qu'à partir de 1907, quand le Baron Auer créa la société destinée à commercialiser ses inventions. Sachant par ailleurs que la composition réelle des pierres a briquets du baron Auer, pour laquelle des brevets protecteurs  avaient été déposés, ne fut réellement connue qu'à partir de 1916 on voit donc que le briquet tel que nous le connaissons, était de diffusion restreinte avant la guerre outre qu'il s'agissait d'une acquisition onéreuse  et .... Allemande.

Nos poilus sont donc partis au front avec soit avec des allumettes soit avec des mèches amadou sur briquets à percussion soit, pour les plus fortunés avec des briquets a plongeoirs .Très rares étaient ceux possédant un briquet à molette, seul système fiable et résistant. Même le célèbre catalogue de la Manufacture d’armes et cycles de St Etienne, ne connaissait pas encore, en 1912, le système du briquet à molette et ne proposait que des briquets à amadou ou à friction.

 

 

L’eau, la boue et l’humidité au front, ont très rapidement démontré l’absence de sécurité offerte par les différents systèmes tournant autour des allumettes ou de l’amadou, lequel d’ailleurs, mal éteint endommageait trop souvent les fonds de poches des capotes ou vareuses, incident mal vus de la hiérarchie militaire, des silex ou autres « amorçages » à friction ou percussion.

 La nécessité a rapidement entrainé le succès de cet accessoire et faute de pouvoir l'acquérir il fut tout simplement reproduit a des centaines de milliers d'exemplaires, pour ne pas dire de millions car chaque soldat en était demandeur.