Avant la guerre

Le développement du régule comme substitut au bronze a donc entrainé la diffusion, à bas coût, d’objets imitant les œuvres d’art onéreuses réservées aux classes aisées. Ceci a entrainé leur pénétration dans les foyers plus populaires et la petite bourgeoisie.
La plupart des pièces de cette époque ont repris les styles «rocaille» et «art nouveau» où ils se sont bien intégrés malgré leurs thèmes patriotiques spécifiques.
On va trouver dans ces encriers toute une symbolique que les poilus reprendront ensuite sur les objets qu’ils fabriquèrent dans les tranchées :
Les valeurs traditionnelles comme l’attachement à la terre, au pays, au travail et au catholicisme des clochers.
La résistance à l’envahisseur occupant encore la terre de France
Jeanne d’Arc, la libératrice
L’Alsacienne et ses oies
L’Angélus de Millet
Le lion de Belfort
Le coq gaulois auquel le Chantecler de E. Rostand donnera une aura extraordinaire surtout dans ses représentations victorieuses sur l’aigle (prussien).

Tous ces encriers, objets d’art représentatifs d’une époque continueront à être produits durant le conflit concurremment aux encriers dits de poilus véritables issus de la récupération de matériaux militaires.

Grand encrier avec la représentation basique de Jeanne d’Arc sur son destrier tenant un oriflamme aux armes du royaume de France et la mention Jésus Maria. Signé BOSSU derrière la console.

Autre exemple de Jeanne, la statuette a été détachée de la console d’un encrier plus petit que le précédent.

 

Encrier montrant Jeanne en prière, il manque l’épée croisée sur la poitrine. La présentation sous cette forme de notre héroïne nationale est un grand classique du statuaire catholique et se retrouve très fréquemment dans nos églises.

Dévouement et sacrifice. Signature de R. Lagneau. Partie d’encrier détachée de sa console et refixée sur marbre. Evocation de la guerre de 1870.

 

L’œuvre célébrissime de Millet a fait partie du décor d’un nombre considérable de foyers français surtout en milieu rural. Attachement à la terre, aux vertus traditionnelles du travail et  à la famille sous l’égide de la foi. Sur tous les briquets de poilus industriels l’Angélus figure systématiquement en association avec Jeanne d’Arc.

 

 Le coq gaulois en majesté, sujet hérité d’une longue tradition depuis Vercingétorix et sa résistance à l’envahisseur romain. Figure tutélaire de la fierté française magnifiée par E. Rostand dans son Chantecler.

L’Alsacienne et ses oies.

 

Bien entendu la production de ces objets en régule s’est poursuivie pendant la guerre mais l’influence des évènements et l’apparition de personnalités vénérées de leur vivant ou symboliques ainsi que les caricatures des agresseurs ont modifié certaines présentations. Les bases décoratives sont restées les mêmes mais les sujets sont différents.

 

Le coq dans un élan patriotique exacerbé est désormais présenté terrassant l’aigle prussien.

Le cochon coiffé d’un casque à pointe et caricaturant le prussien honni est typique de cette époque. Outre cet encrier  le sujet a été décliné dans une multitude d’objets ou de publications.

La caricature précédente est à mettre en opposition avec la représentation du poilu,  héros viril. La signature est de Carlier en 1915. Ultérieurement tous les poilus en effigies seront couverts du casque Adrian apparu la même  année.

 

 

Le tigre c’est bien entendu Clemenceau.

 

 

 

 

Joffre, Foch, ont été des généraux ayant fait l’objet d’un véritable culte sous diverses formes dont encriers et statuettes .

Rare exemplaire d’avant-guerre concrétisant symboliquement la victoire de la France en cas de conflit contre la Prusse (épée traversant le casque). Le casque est celui des gardes du corps de l’empereur.