Fiscalité

La plus grande fantaisie règne quant à la traduction, même par les collectionneurs, de l’application des lois fiscales attachées aux briquets.
En soi, il importe peu de critiquer l’existence de ces lois dont les principes ressortent de l’art de gouverner, donc d’imposer et de taxer le citoyen en profitant du succès d’objets ou d’activités devenus indispensables au quotidien. De ce point de vue, une taxe sur les briquets n’est pas plus stupide que celles sur les chiens ou sur les portes et fenêtres, toujours en cours en 1914 !!
Remarquons toutefois que les lois spécifiques sur les briquets n’ont pas eu l’hypocrisie, très actuelle, de se justifier par un prétexte de financement ou d’aide à la sauvegarde de telle ou telle institution, organisme, collectivité ou population particulière, quitte à oublier ce justificatif ultérieurement, ou même le détourner. C’était une taxe pure et simple, sans autre justification que de renflouer les caisses de l’état et peu importait aux décideurs, son caractère insupportable pour le citoyen.

 

Loi du 28 décembre 1910.
Loi du 31 décembre 1945.


Entre ces deux dates, 35 ans de jeu du chat et de la souris entre les inspecteurs et contrôleurs du fisc et les utilisateurs plus que rétifs à cette iniquité. D’autant plus que seuls étaient exemptés les briquets composés d’un silex, d’une lame d’acier à frapper et d’une mèche amadou, systèmes antiques et obsolètes déjà en 1910.

Dès 1911, la preuve du paiement de la taxe ressort par l’apposition sur le briquet, par les agents du fisc, d’une plaque soudée (à l’étain), en cuivre rouge, portant la date 1911, découpée dans le métal avec une tête de Mariane estampée centrale.

La taxe due, une seule fois pour toute la vie du briquet, est chère à l’époque : 2 francs ! Somme importante quand on sait que le salaire moyen journalier d’un ouvrier agricole, non nourri était de 1,25 francs pour 10 heures de travail et que le kilo de pain valait à peu près 0,40 francs.
Taxe plus chère que la valeur du briquet pour les plus simples.

En 1911, un nombre important de plaques du 1er type datées de cette année, furent frappées par l’état et resteront, eu égard à l’importance du stock, en vigueur les années ultérieures, malgré les changements de millésimes.


L’arrêté du 29 mai 1916 entrainera la création d’une nouvelle plaque, en maillechort, sans date, composée de deux signes latéraux CI, pour Contributions Indirectes, encadrant une tête de Mercure (appropriée pour une taxe contestée, sachant que Mercure est le dieu des voleurs !!) au centre, entourée de la mention Ministère des Finances.

 

Ce modèle 2ème type pour les briquets ordinaires, restera en vigueur jusqu’en 1945.
L’arrêté dispose en outre, que les anciennes plaques 1911 en usage en 1916, seront encore utilisées jusqu’à épuisement des stocks. Cette disposition très particulière implique que la plaque 1er type 1911, ne permet pas la datation de la fabrication d’un briquet de poilu car certaines seront encore utilisées par quelques administrations fiscales locales après 1920, et d’autant plus que nombre de plaques d’anciens briquets usés ou endommagés ou anciens (amadous), ont été réutilisées sur d’autres briquets en totale infraction avec la loi.
La fraude généralisée à la loi fiscale, pratiquée par les poilus, à eu pour conséquence que sur l’ensemble de ma collection de missels d’environ 700 pièces, il n’y a pas plus de 50 plaques fiscales ; que ce soit du 1er ou du 2ème type, soit moins de 10%, pourcentage d’ailleurs commun à l’ensemble des briquets de poilus. Sachant également que les pièces importantes venant de l’arrière, telles que les chappes, étaient aussi censées être soumises à la loi et ne pouvaient être vendues qu’exclusivement en vue de la réparation ou de remplacement de pièces usagées de briquets préexistant et estampillés, on mesure alors l’ampleur des trafics contre lesquels les agents du fisc devaient lutter, sans succès à l’évidence. La souris à donc gagné au final !