Verdun, la Somme, l’Aisne, la Champagne, les Flandres, l’Alsace, les Vosges... en réalité, c’est un ensemble de fronts juxtaposés sur 4 ans de guerre tout au long d’une ligne de 800 km de tranchées d’ouest en est. Certains noms sont restés dans l’histoire, d’autres sont le reflet de parcours individuels qu’il faut alors restituer dans un contexte plus général.
La Région Fortifiée de Verdun (RFV)
Le front de Verdun n’est pas seulement la ville, elle-même seulement bombardée et jamais prise, mais une région entière protégée par des forts et bastions dont les noms sont entrés dans l’histoire, compte tenu de la férocité et de la cruauté des combats qui y ont eu lieu en particulier en 1916.
Commencer par Verdun peut surprendre mais c’est justifié au regard de l’importance de l’échec du Kronprinz à la conquérir, ce qui fut le début de la défaite allemande concrétisée en 1918. D’autre part le système de la « noria » institué sous l’impulsion du général Pétain a entrainé une rotation sur ce front particulier de presque tous les régiments français et la marque laissée par ce passage s’est retrouvée sur un nombre considérable de briquets.
S’il y a un missel qui doit à mes yeux symboliser Verdun dans ma collection c’est celui relatif à Douaumont, fort entré dans la légende qui a concrétisé pour toute une nation les sacrifices consentis pour la défense du territoire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la nécropole la plus importante de l’ensemble des fronts de l’ouest y a été érigée.
Le 310 ème RI (réserve du 110ème RI) fut constitué en août 1914 et dissous moins de 2 ans après en juin 1916. Pourquoi ? Entre ces deux dates il a été purement et simplement anéanti, puisqu’ayant perdu plus de 1000 hommes sur un effectif de 1200 soit un coefficient de perte de plus de 80 %. Le facteur de ce briquet fut parmi les rares survivants, fait prisonnier et expédié en Allemagne dans le camp n° 60 (L pour lager = camp en allemand). Quant à la mention « Souvenir de misère » elle témoigne pudiquement des épreuves subies par son possesseur.
Ce briquet doit être considéré comme un document aussi précieux qu’émouvant caractéristique de 1916 à Verdun.
En voici d’autres concernant 1916 mais aussi d’autres années car on a combattu à Verdun pendant 4 ans, moins violemment certes qu’en 1916 mais jusqu’en 1918.
Il n’y a pas de briquets datés 1914 ou 1915.
1916
1917
1918
Verdun, non datés
Un nombre considérable de missels fait mention de Verdun sans date, tant le nom de la ville était devenu un symbole pour le soldat qui y était passé, ce qui lui permettait d’en dire, lui aussi tel le brave soldat d’Austerlitz « j’y étais ».
Autour de Verdun
En dehors du terme Verdun devenu générique a la région on retrouve quantité de missels reprenant les noms des lieux, secteurs ou forts, impliqués dans les combats et qui sont entrés dans la grande mythologie nationale au titre de « bataille de Verdun ».
La Champagne
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Les Vosges
La Somme
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L'Argonne
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La Marne
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L'Artois
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Les Ardennes
La Picardie
L'Aisne
L'Oise
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L'Alsace
L’Alsace, associée à la Lorraine, fut à l’origine d’un nombre considérable de briquets par son importance stratégique et la violence des combats dans des conditions climatiques éprouvantes, et par l’élan sentimental et patriotique qu’elle suscitait au titre de la reconquête des « provinces perdues ». Les briquets concernant l’Alsace et la Lorraine, furent le pendant de la considérable propagande patriotique de l’arrière (cartes postales, affiches, journaux, littérature, dessins, livres pour la jeunesse et dans les écoles …) et de la production d’objets divers (encriers, assiettes, tableaux … représentant les femmes dans leur costume ou coiffures traditionnelles, les cigognes et le chardon symbolique, la croix, sans oublier la cathédrale de Strasbourg ). Tous ces symboles se rattachant à l’Alsace Lorraine se retrouvent aussi sur les briquets industriels que connaissent les collectionneurs.
En voici quelques missels parmi beaucoup d’autres.
Belle cigogne dans un environnement de massettes, on peut apercevoir dans le coin droit une libellule, beau symbole du renouveau et du changement ce que confirme le brin de muguet sur la deuxième face lui-même symbole du bonheur retrouvé.
On peut donc en conclure que ce briquet a été gravé après l’armistice : l’Alsace Lorraine a été libérée
Face 1 : Briquet fêtant l’armistice selon la banderole au bec de la cigogne. Avec le couple il y a un cigogneau dans le nid sur une cheminée typique.
En arrière-plan deux clochers faisant sans doute référence à la cathédrale de Strasbourg.
Face2 : Porte les symboles de la Lorraine, le chardon et la croix spécifique. Tout y est !
La similitude avec le briquet précédent célébrant l’armistice, au niveau du graphisme et des symboles, est caractéristique d’une série dont il me reste à trouver d’autres exemplaires. Il faut comparer ces briquets avec les 2 briquets « cygnes » de la partie « séries » du Chap « Savoir, savoir faire et troc ». En rapprochant ces 4 briquets, on constate une même technique d’estampage, de dimensions et des reliures et coins identiques. À mon sens, il s’agit pour les 4 pièces d’une fabrication industrielle de très belle facture, mais qui pourra me renseigner sur leur provenance exacte ?
Le motif à la croix, dite de Lorraine se retrouve sur un nombre considérable de missels. Cette croix a une double signification religieuse et régionaliste. Lorsqu’elle n’est pas associée à un contexte précis ou d’autres références régionales et patriotiques, j’ai choisi de l’intégrer à la partie « religion et croyance » à laquelle je renvoie pour développements complémentaires.
Belgique et les Flandres
Italie
Apres la grave défaite des italiens à Caporetto en octobre 1917, les français viennent en renfort,secondés par des divisions anglaises. Le corps expéditionnaire français comptera deux corps d’armée et plusieurs escadrilles soit autour de 80 000 hommes. Ceci explique l’existence des briquets faisant référence à l’Italie et aux combats qui s’y sont déroulés, en particulier sur le plateau d’Asiago.
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